Histoire d’ados: Mes grands frères sont des triplés identiques
Et je suis vraiment tannée de la réaction des gens ! Dans ma famille, on a créé le « OMGT » pour le « Oh my God des triplés ! ». Les gens s’extasient toujours quand ils nous voient. Et soudainement ils crient : « Oh, ils ont une petite soeur en plus ! » Tout le monde en parle et tout le monde nous parle.
Mes propres amis ont une curiosité, surtout les nouveaux. Ils disent :
– Tu as des frères et soeurs ?
– Trois frères.
– Ils ont quel âge ?
– 16 ans.
– LES TROIS ? LOL.
Alors tout le monde capote. Mais moi, j’ai de la difficulté à comprendre le OMGT.
J’ai vraiment envie de dire : « Ah revenez-en ! C’est juste des triplés. »
Même si mes frères sont identiques, ça ne m’est jamais arrivée de me tromper. Même à l’époque où ils avaient exactement la même coupe de cheveux ! Je ne sais pas vraiment comment je faisais et je ne peux pas l’expliquer. Ma mère se trompe, des fois. Le matin, elle peut dire bonjour avec le mauvais prénom. Ça, c’est drôle ! Je pense qu’ils n’aiment pas trop se ressembler. Quand ils ont le même t-shirt,ils vont se changer. Ils sortent rarement courir ou marcher les trois en même temps. Ils ne veulent pas être un aimant à « OMGT ».
Dans la maison, c’est pas si différent des autres familles. Ils me taquinent comme n’importe quel grand frère ferait. La seule chose, c’est que moi, ils sont trois ! Ça m’énervait solide avant. Mais maintenant, je crois c’est l’inverse : ce sont eux qui trouvent que je suis une soeur fatigante. Ils sont dans leur monde, dans la même classe, dans le même programme en science. Parfois je me sens seule, c’est vrai. Avant on prenait l’autobus ensemble, on dînait ensemble. Maintenant, la différence d’âge paraît davantage.
Des fois, j’aimerais être autre chose que la soeur des triplés. Je voudrais être reconnue juste pour moi. Je me souviens d’une prof qui parlait toujours de mes frères à ses élèves. Tout le monde me connaissait dans l’école à cause de ça.
Ce qui traîne dans les maisons avec des frères triplés ? Des bas ! Il y a des bas PARTOUT. Ils sont épouvantables avec le tapis à côté du bain. Il est toujours tordu et détrempé. Et ils font vraiment du bruit en descendant l’escalier. Cela dit, ça pourrait vraiment être pire, non ?
Certaines filles trouvent mes frères cutes. Je trouve ça drôle. Mes frères n’ont jamais eu de blondes. Ils se tiennent en gang, ils forment un clan. Quand une fille me dit qu’elle trouve mes frères beaux, je me dis dans ma tête : oh boy, bonne chance. (Rires) Et s’ils ont un kick sur une fille, je ne serai certainement pas la première à le savoir !
RÉFLEXION DE LA RÉDAC
Sarah* semble avoir un bon sens de l’humour ! Un atout précieux pour vivre auprès de triplés… Il est vrai que tout ce qui est rare ou différent suscite les commentaires. Cette attention peut être difficile à porter, encore plus si on est de nature introvertie. Elle devient souvent irritante à l’adolescence, période où on veut davantage se fondre dans la masse. Notre tolérance fluctue également selon notre niveau d’humeur, d’énergie et de stress.
Comment trouver sa place auprès de triplés ? C’est effectivement tout un défi ! Le fait d’être de sexe différent (fille vs garçons) est généralement facilitant, surtout si les intérêts et les aptitudes se distinguent. En ce sens, trouver ce qui nous rend unique au sein de la famille contribue à notre identité. Quels sont mes intérêts, mes forces et mes difficultés ? Quelles sont les activités qui me procurent du plaisir ? Inversement, rechercher des points communs avec la fratrie est également important. Dans ce cas-ci, l’intérêt général de la famille pour la science est rassembleur. Il contribue à diminuer le sentiment d’isolement ou d’exclusion du « monde » des triplés. Entretenir un bon réseau d’amis vient compléter l’équilibre.
Chose certaine, vivre avec des triplés est loin d’être banal, qu’on le veuille ou non, avec son lot de péripéties et de défis. C’est pourquoi cultiver l’humour demeure une clef gagnante.
Sophie Leroux, psychologue
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